Liberty News - Sujet tabou L’héritage: peu de connaissances et longue attente

Nombreux sont ceux qui s’occupent de l’héritage tard dans la vie. Seulement près de la moitié des personnes âgées de 51 à 79 ans ont réglé leur succession. Nombreux sont ceux qui souhaitent bénéficier d’un droit d’héritage anticipé pour la propriété d’un logement, mais rares sont ceux qui en bénéficient.

Peu de personnes interrogées âgées de 18 à 79 ans planifient concrètement et à l’avance leur succession. La plupart d’entre elles ne s’occupent de l’héritier que lorsqu’elles y sont elles-mêmes confrontées. En raison de l’allongement de l’espérance de vie, cela se produit de plus en plus tard. Les personnes qui reçoivent un héritage en Suisse sont généralement âgées de plus de 50 ans. Cela a des conséquences: celles qui ne règlent pas la succession à temps risquent de ne plus être en mesure de décider qui recevra quoi ou combien et courent le risque de litiges successoraux. C’est ce que révèle une enquête représentative menée par Raiffeisen Suisse et la ZHAW School of Management and Law auprès de la population suisse.

Pas même la moitié d’entre elles ont réglé leur succession.   

Les trois quarts des personnes interrogées qui souhaitent transmettre leur patrimoine ont une idée claire de ce qu’il adviendra de leur héritage, en particulier lorsqu’il s’agit d’accéder à la propriété. 33% des personnes interrogées souhaitent aider financièrement leurs descendants à acheter une maison et 24% souhaitent transmettre leur propriété tant qu’ils sont encore en vie. «Parce que les gens vieillissent, l’héritage est généralement une bénédiction financière tardive. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles 34% souhaitent déjà favoriser la prochaine génération – généralement les petits-enfants –», explique Tashi Gumbatshang, responsable du Centre de compétences Conseil en matière de patrimoine et de prévoyance chez Raiffeisen Suisse. Les documents tels qu’un contrat successoral ou un testament ne sont généralement établis qu’après l’âge de 50 ans. L’enquête montre néanmoins que seuls 46% des 51-79 ans ont réglé leur succession.

L’héritage anticipé reste un rêve pour beaucoup

Parmi les personnes interrogées, 35% envisagent de recevoir un héritage ou une avance. Un peu plus d’un tiers (35%) des personnes âgées de 18 à 30 ans seraient favorables à une avance et 14% s’y attendraient. Plus les personnes interrogées sont jeunes, plus les motivations liées à l’immobilier sont importantes: 49% des personnes âgées de 18 à 30 ans utiliseraient l’avance pour financer leur propre logement ou maison et 18% pour reprendre la maison de leurs parents. Pour les personnes âgées de 31 à 50 ans, ce pourcentage est déjà inférieur, avec 36% et 15% respectivement. Frank Frey, co-directeur du Centre spécialisé de conseil successoral chez Raiffeisen Suisse, commente cette constatation: «De nos jours, de nombreux jeunes ne peuvent s’offrir un logement que grâce au soutien financier de leurs parents. De nombreux parents ont également l’intention de transmettre des biens afin que les enfants puissent vivre chez eux.»

En revanche, rares sont ceux qui acceptent le souhait des descendants de recevoir l’argent lorsqu’ils en ont réellement besoin. La grande majorité des personnes décédées ne souhaitent transmettre leur patrimoine qu’après leur décès. Seulement 17% des personnes interrogées envisagent de faire une succession anticipée ou une donation. L’enquête montre également que l’intention d’hériter tôt dépend fortement du nombre d’enfants. Plus d’un quart des personnes interrogées ayant deux enfants ou plus déclarent vouloir transmettre une partie de l’héritage avant leur décès. Il est de 17% pour les personnes avec un enfant et de 7% pour les personnes sans enfant.

Le manque de connaissances comporte des risques

L’enquête montre qu’avec l’âge, les connaissances en matière de succession augmentent. Par exemple, la grande majorité des personnes de plus de 50 ans savent qu’il existe des différences cantonales en matière de droits de succession et que l’impôt dépend à la fois du degré de parenté et du montant des biens hérités. Il existe d’importantes lacunes en matière de connaissances en matière de concubinage. Seulement un peu de la moitié (47%) des personnes de plus de 50 ans savent que les concubins sont soumis au taux d’imposition le plus élevé dans de nombreux cantons. Seul un tiers des jeunes âgés de 18 à 30 ans le sait. Par ailleurs, 35 % des jeunes âgés de 18 à 30 ans et un quart des jeunes âgés de 31 à 50 ans ignorent que les couples concubins doivent s’accorder un avantage mutuel dans un testament ou un contrat successoral pour avoir droit à l’héritage. Pour les plus de 50 ans, c’est un point d’interrogation pour moins de 20 %. «Le manque de connaissances comporte clairement de grands risques dans de telles situations de vie, car les mesures appropriées ne sont pas prises à temps», déclare le Dr. Jürg Portmann, co-directeur de l’Institut für Risk & Insurance de la ZHAW School of Management and Law.

À propos de l’enquête

Dans le cadre de cette enquête menée par Raiffeisen Suisse et la ZHAW School of Management and Law, 1'151 personnes de la population suisse âgées de 18 à 79 ans ont été interrogées du 11 avril au 24 avril 2024 au moyen d’un échantillon aléatoire stratifié avec un panel de liens. La représentativité de l’échantillon est jugée élevée en raison de la qualité du panel, mais comme pour toutes les enquêtes en ligne, il y a une distorsion vers un niveau d’éducation plus élevé et une plus grande activité en ligne. En particulier, un niveau d’éducation plus élevé devrait se traduire par des valeurs plus élevées en matière de revenus et de patrimoine. L’objectivité est élevée, car les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire standardisé et analysées statistiquement.

L’héritage est défini comme une allocation égale ou supérieure à deux mois de salaire. Seules des différences significatives (niveau de confiance de 95%) sont relevées dans l’enquête. La méthodologie de l’enquête transversale est bien adaptée pour se faire une idée des connaissances, des attitudes et des sentiments de la population suisse. En revanche, il n’est pas possible d’établir un lien de causalité.